Par les Romantiques-Webzine Octobre 2009

« Les romantiques », c’est un site internet regroupant un grand nombre de biographie, bibliographie d’écrivain français et étranger. Une « bible » de la littérature dite « féminine ».

J’y participe depuis quelques années maintenant .

Le site c’est énormément développé ces dernières années sous l’impulsion d’Agnès sa créatrice mais aussi de nombreux lecteurs qui se sont investies dans cette aventure.

En octobre 2009 les Romantiques mettent à l’honneur un auteur, se sera Juliette Benzoni.

Pour lire le Webzine dans son intégralité : Webzine Octobre 2009
L’extrait concernant Juliette Benzoni en version PDF: Webzine-oct-2009-Juliette Benzoni

Ci-dessous l’article de Fabiola sur Juliette Benzoni:

Juliette Benzoni

Elle se présente comme une romancière populaire, la presse la surnomme «la Barbara Cartland du roman historique». Mais avec 300 millions de livres vendus, il est incontestable que Juliette Benzoni est très appréciée par les lecteurs de tous horizons. Il était donc temps de mettre à l’honneur ce grand auteur français.
Née le 30 octobre 1920 à Paris, Andrée-Marguerite-Juliette Mangin aurait pu apparaître dans les annales puisqu’elle a failli naître sous la Tour Eiffel. Heureusement (ou malheureusement, c’est selon), sa mère a eu le temps d’arriver dans leur appartement avenue de la Bourdonnais avant de mettre au monde sa petite fille. Depuis qu’elle est âgée de quinze ans, elle habite Saint Mandé.
Sa famille se compose de ses parents, sa soeur, son grand-père paternel et sa grand-mère maternelle.
Aucun d’eux n’a la fibre artistique mais son père, industriel, aime lire et la bibliothèque familiale
est bien remplie. C’est à l’âge de neuf ans qu’elle fait deux découvertes passionnantes : Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas et une image de Jeanne d’Arc ficelée sur le bûcher dans son livre d’histoire. Elle décide dès lors d’écrire des romans historiques et tout particulièrement situés au Moyen-âge.
Cependant, la réalité de la vie lui fait mettre cette passion de côté, sans pour autant l’oublier tout à fait puisque son environnement contribue à entretenir cette passion naissante pour la littérature.
Ainsi, elle a vécu pendant sa jeunesse au 10 rue des Beaux-Arts à Saint-Germain des Prés, dans la
même maison que Prosper Mérimée, Jean-Baptiste Corot ou encore André-Marie Ampère. Comme elle le dit si bien, «le fantôme de Canterville et la Vénus d’Ille sont pour moi des amis de jeunesse.»
C’est dans l’élégant et strict établissement scolaire des soeurs Désir, qu’elle se rend compte de l’étroitesse d’esprit des gens bien nés. Après avoir proclamé haut et fort avoir lu Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, elle est obligée de changer d’établissement. Cependant, le suivant ne lui réussit guère mieux. Elle intègre le premier lycée de filles de Paris, le lycée Fénélon. Elle assiste à des cours «dans des classes bondées comme le métro à six heures du soir (c’était le début de l’enseignement gratuit).»
Malheureusement, le scandale retentissant de 1930 concernant une ancienne élève, Violette Nozière, ajouté sans doute au fait que Juliette parle de devenir journaliste, incite à nouveau ses parents à la faire changer d’école. Elle intègre donc l’aristocratique collège de Hulst où elle obtient son baccalauréat, en même temps qu’elle prend conscience de ce qui l’intéresse vraiment dans la vie : elle déteste les mathématiques et fait définitivement des Lettres et de l’Histoire ses grandes passions. Elle prend également goût à la politique, ce qui ne lui rend pas la vie facile puisqu’elle se retrouve plusieurs fois au commissariat pour avoir lacéré des affiches sur la voie publique entre 1936 et 1937.
Ses études de licence sont interrompues par la Seconde Guerre Mondiale. Pendant cette période, elle travaille à la Préfecture de la Seine où elle découvre la bibliothèque cachée sous les toits de l’hôtel de ville, puis rencontre le docteur Maurice Gallois qu’elle épouse en 1941. Ensemble, ils s’installent à Dijon dans la bonne société bourguignonne et ils ont deux enfants.
Le fils de Juliette mourra en 1995 d’une crise cardiaque. Un événement qui l’a profondément marquée. Elle était plongée à ce moment-là dans l’écriture d’une histoire de la série Le boiteux de Varsovie. C’est la femme de ménage qui a découvert le corps de son fils. Pendant quelques temps, Juliette ne pourra pas écrire la suite de ce manuscrit. Plus tard, elle avoue : «On peut arriver à tout laisser dehors. On retrouve le chagrin à la sortie.»
C’est à Dijon qu’elle étudie l’histoire de la Bourgogne au Moyen-âge et la légende de l’Ordre de la Toison d’or, une autre grande influence qui lui inspire une série célébrissime : Catherine. Son mari meurt en 1950 et Juliette se rend compte qu’elle doit travailler si elle veut pouvoir élever ses enfants comme elle le souhaite et garder un bon niveau de vie. Son désir de devenir journaliste avait été contrecarré par son père, mais une autre chance s’offre à elle avec une annonce qui parait dans le Figaro et elle décide de la saisir. Son association avec le journal Confidences durera plus de vingt ans.
Cependant, il est de très mauvais goût à cette époque pour une mère de famille de travailler, surtout si elle ne veut pas être mise au ban de la société. Aussi, peu de temps après, elle quitte la France pour le Maroc, où elle va habiter dans la famille de son défunt époux. Elle obtient un emploi à la régie publicitaire de Radio-Internationale. Mais la vie au Maroc n’est pas facile et les français y sont de moins en moins bien accueillis. Elle fait alors la connaissance du capitaine Benzoni, qui devient son deuxième mari en 1953. Ils n’ont pas le temps de faire leur voyage de noces qu’il doit partir pour l’Indochine. Même si ce mariage la met à l’abri, son mari souhaite qu’elle regagne la France.
Petite parenthèse : Son mari lui est rendu en très mauvais état vers 1954 (après les événements de Dien Bien Phu) et il lui faudra une année entière pour se rétablir. Après une vie politique bien remplie, notamment aux côtés du général Charles de Gaulle, puis en tant que maire-adjoint de Saint-Mandé, il mourra en 1982.
C’est donc à son retour en France que Juliette reprend plus sérieusement le métier de journaliste, tout en se spécialisant dans l’Histoire. Elle devient journaliste-historienne et écrit, outre pour Confidences, pour le Journal du dimanche entre 1953 et 1956, ainsi que pour Histoires pour tous.
Son métier d’écrivain commence à la suite du jeu télévisé Le Gros Lot présenté par Pierre Sabbagh.
Elle ne remporte pas la partie mais est remarquée par Gérard Gauthier, secrétaire général de l’agence Opera Mundi, qui représente déjà Anne et Serge Golon, auteurs de la série à succès Angélique. Elle est invitée à un entretien durant lequel il lui demande si elle a une idée de roman historique. «Oui, répond-elle, mes enfants sont bourguignons et je sais pas mal de choses sur l’ordre de la Toison d’or.» Aussitôt il lui montre les press-books très nombreux d’Anne Golon, lui fait miroiter un parcours similaire et réussit à inciter Juliette à écrire.
C’est ainsi qu’elle entame la rédaction de son premier manuscrit, qui sera le premier tome de la grande série Catherine et aura pour titre : Catherine, Il suffit d’un amour. Alors que le roman n’est pas terminé, France Soir l’achète, ainsi que dix éditeurs étrangers, preuve s’il en fallait de la qualité de l’écriture de Juliette. Catherine, Il suffit d’un amour sort pour la première fois en 1963, mais même si le roman connaît un beau succès auprès des lecteurs, il n’en est pas de même de la presse, qui n’hésite pas à l’appeler la Barbara Cartland française.
Elle en rit (un peu) maintenant, mais tient néanmoins à mettre les points sur les i lorsqu’on lui rappelle ce surnom : «Cela m’a sacrément embêtée, dit-elle lors d’une interview donnée en 2007 à l’Actualité du livre, car je me donnais un mal de chien pour écrire des intrigues d’une grande
qualité historique. Je n’ai jamais été du genre à écrire quatre histoires en même temps comme le faisait Barbara Cartland, mais que voulez-vous, on m’a collé une étiquette… Les gens, bien sûr, ont oublié qu’à mes débuts j’ai travaillé avec Alain Decaux et que j’ai eu le Prix Alexandre Dumas.»
De cette expérience avec la presse, elle n’a pas gardé un bon souvenir, d’autant que cette dernière a
continué à la bouder. Selon Juliette, comme elle n’a pas de message à délivrer et qu’elle écrit pour apporter du plaisir aux lecteurs, elle n’intéresse tout simplement pas la presse. Elle a quand même donné une interview dans l’émission Vol de nuit en 2007, présentée par Patrick Poivre d’Arvor, en compagnie d’auteurs reconnus tels que Yann Queffelec ou encore Marc Levy et Maxime Chattam.
Cependant, elle n’a pas bien vécu cette expérience et a conclu son intervention ainsi : «Je ne suis pas un bon orateur, je préfère qu’on me lise plutôt qu’on écoute !»
Elle n’a jamais écrit de romans autres qu’historiques. «En règle générale, je trouve la littérature actuelle plus brutale, plus grossière… Peut-être est-ce parce que je suis d’une autre génération…
Au fond, je n’aime pas ce qu’est devenu le monde. Il n’y a plus d’honneur, ni de grandeur.
C’est sans doute pour cela que j’aime l’Histoire avec un grand H, parce que j’y évolue comme dans une bulle. L’Histoire me protège du temps qui passe.»
Elle a écrit des romans solo mais préfère nettement écrire des séries en mettant aussi en avant les personnages secondaires. Il faut également que le lecteur puisse s’identifier au héros, que les descriptions soient le plus réaliste possible, qu’il y ait de l’action pour tenir les gens en haleine et que la langue du récit soit moderne. La femme a une grande place dans ses romans et, même si la plupart sont fictives, elles arrivent parfaitement à prendre leur place dans le récit. «Je choisis mes héroïnes dans une époque donnée, mais je les fais réagir comme des femmes modernes pour que mes lectrices puissent se retrouver en elles.» Il ne faut pas oublier non plus l’intrigue, l’amour et les aventures qui composent le récit.
Outre son métier d’écrivain, qu’elle exerce à plein temps, Juliette aime la lecture et l’Histoire (oh que ça m’étonne ! LOL), la musique, le tarot, la voile, les vieilles demeures, les pierres précieuses et l’Art sous toutes ses formes. Autant de passions qui lui font découvrir de nouveaux horizons afin de régaler encore et toujours ses plus fidèles lecteurs. Elle n’aime pas les impôts et Jean Marie le Pen, «Je déteste cet homme! La chose que je lui ai le moins pardonnée, c’est d’avoir anschlussé Jeanne d’Arc.» Elle a également ses propres angoisses, la plus importante étant sans doute liée à son métier d’écrivain, peur immense de perdre l’inspiration ainsi que de l’avis de l’éditeur après la remise du manuscrit.

Fabiola