Jacques Garcia

Source: Champs de bataille


 Né en 1947, Jacques Garcia découvre très jeune ses facilités pour le dessin et sa fascination  pour les objets d’art et c’est tout naturellement qu’il se dirige vers une école d’architecture d’intérieur Peninghenqu’il complète par une formation aux Métiers d’Art..

 Dans le cadre de l’Agence où il débute, il se spécialise dans l’architecture contemporaine, en réalisant notamment les concepts intérieurs de la tour Montparnasse et des Hôtels Méridiens . Versé dans des projets ultra modernes, Jacques Garcia va s’ouvrir de concert à l’Art Contemporain : il court les galeries, s’enthousiasme pour ces jeunes artistes qui savent rompre avec le passé et se constitue une collection faite de coups de cœur, d’intuition, et de rencontres qui remportera lorsqu’il décidera de la céder, un énorme succès. En se passionnant pour l’ art conceptuel en particulier, Jacques Garcia découvre beaucoup de parallélisme avec le XVII siècle qu’il affectionne depuis toujours.

 Chineur invétéré, Jacques Garcia accumule sans le savoir les objets qui peupleront ses décors dix ans plus tard. Aiguisant sa science de l’objet à travers les livres, doté aussi d’une intuition innée, il constitue par passion mais aussi par mission, celle de rassembler patiemment ce que la révolution française a si vite dispersé, une fabuleuse collection de meubles et  d’objets royaux, souvent mal attribués et qu’il acquiert à moindre frais «  Je percevais d’instinct que ce meuble était différent des autres, je le sentais rempli d’âme, comme gavé de vécu  ».

 Très vite cette passion de collectionneur le pousse à vouloir mettre en scène ses trouvailles et Jacques Garcia s’attache peu à peu une clientèle privée qui s’adresse au grand maître pour ressusciter leur demeure. Ses clients s’appellent d’Ornano, Bouygues, Mauboussin

 C’est l’époque aussi où Jacques Garcia s’installe à titre privé dans l’un des lieux les plus époustouflants de la capitale : l’hôtel de Mansart rue des Tournelles.

Cette demeure, d’un des principaux architectes de Versailles, retrouva sous l’égide de Jacques Garcia les fastes d’un glorieux passé. Il parvient à le hisser à l’altitude des chefs d’œuvre, incarnant le style Garcia, celui de voir grand dans l’élégance, de faire riche sans pour autant s’appesantir.

 Au début des années 90, le travail de Jacques Garcia devait connaître une inflexion d’importance avec la rencontre de Diane Desseigne, propriétaire du groupe hôtelier Lucien Barrière. Commençant avec la rénovation de quelques suites de l’hôtel Royal de Deauville, une relation de confiance devait s’installer entre l’héritière et le décorateur, donnant lieu à une collaboration toujours actuelle, rénovant tous les fleurons du groupe du mythique hôtel Majestic à Cannes au grand hôtel d’Enghien, de Dinard à La Baule.

 En passant du privé au public, Jacques Garcia franchit un pas déterminant qui allait lui porter chance et lui offrir l’opportunité d’étendre son registre créatif en s’inspirant d’univers très différents, du minimalisme zen à la surcharge neo-gothique, de l’exotisme retour d’Egypte à la folie Napoléon III.

 Le nom de Jaques Garcia est déjà très connu à cette époque, la presse se faisant le relais assidu d’un de ses plus prestigieux chantiers, le pied à terre parisien du Sultan de Brunei, pas moins de 6000 m² Place Vendôme. Mais en fait ce n’est qu’en 1996, à l’ouverture de l’hôtel Costes, que les Parisiens découvrent pour la première fois dans toute son ampleur le style Garcia. On n’avait jamais vu jusqu’alors autant de personnalité dans un lieu public. A l’heure du minimalisme ambiant, il fallait un esprit singulièrement indépendant pour afficher une telle audace. Le « tout-Paris dont on parle » applaudit et l’hôtel Costes devient un des hôtels les plus prisés de la capitale. Le mythe est né et depuis ce sont plus de 24 hauts lieux à Paris et pas des moindres qui portent le sceau Garcia : le Fouquet’s, Ladurée, l’Esplanade, L’Avenue, la Grande Armée, le Ruc, le Cabaret, L’hôtel des Beaux-Arts, le Rivoli-Notre Dame… L’étranger est à son tour atteinte par la fièvre Garcia ; les projets affluent et sous n’importe quelle latitude, le public se précipite au rendez-vous du grand genre : New York, Chicago, Las Vegas, Beyrouth, Baden Baden, Genève, La Haye, Bruxelles…
En 2000, c’est la consécration ! Le succès en librairie de son livre, «Jacques Garcia ou l’éloge du décor», chez Flammarion vient confirmer la côte d’amourdupublic.

Avec plus de 34 000 exemplaires vendus en 6 mois et cela malgré 3 ruptures de stock, c’est un succès sans précédent pour la maison d’édition. En 2003, un nouvel ouvrage sort chez l’éditeur GALLIMARD sous le titre évocateur « MODERNE », il illustre les différend lieux publics crées par Jacques GARCIA, à PARIS et dans le monde.

 Au fil des années, Jacques Garcia devient un personnage public, il reçoit la médaille de la Ville de Paris en 1994, il est fait Chevalier de la Légion d’honneur en 1997 et Commandeur des Arts et des Lettres en 2002. Sa vie entièrement consacrée à la défense de la beauté et du patrimoine de la France lui vaut quelques distinctions, telles que le prix Mont-Blanc du Mécénat culturel en 2001 et le Prix Oscar Wilde en 2002. La même année, L’Académie des sciences morales et politiques lui décerne le prestigieux prix Henri Texier pour l’ampleur des travaux de restauration effectués dans son château de Champ-de-Bataille , l’Académie remplissant ainsi l’une des missions que lui a confié la patrie en 1795, celle de « suivre les travaux qui auront pour objet l’utilité générale et la gloire de la République » (loi fondatrice de l’Institut de France, 3 brumaire an IV).  Ces pharaoniques travaux entrepris dans ses jardins de Champ de Bataille  lui vaudront aussi en 2005 d’être nommé chevalier de l’Ordre du Mérite Agricole. En 2006, Jacques Garcia est fier de recevoir des mains du Ministre des petites et moyennes entreprises, Monsieur Renaud Dutreil, les insignes d’Officier de la Légion d’honneur, au titre de toute sa dynamique d’entrepreneur et sa capacité à promouvoir partout dans le monde l’excellence du savoir faire français. Sa créativité débordante et son sens des effets sont mis à contribution dans les musées nationaux : en 1993, Il met en scène l’ exposition Marie Antoinette au Musée Carnavalet . A son sujet la presse écrit  : « l’émotion était à son comble. C’est là tout le pouvoir et la magie sans doute d’une matière pétrie d’esprit, humaine et charnelle, brûlante et savoureuse, jamais terne, jamais morte ».

 En 1996, il participe à une importante exposition organisée par la mairie de Paris, intitulée «  tous les jardins du monde  » à Bagatelle. En 1997, il s’attèle à la résurrection du Musée de la Vie Romantique qui abritent les émouvants souvenirs de Georges Sand et de ses amis. Jacques Garcia en a fait un des musées les plus chaleureux de Paris.

 

 Mais il serait impossible de raconter l’incroyable parcours de Jacques Garcia, sans parler de Champ de Bataille. Cet homme qui a l’habitude d’aller jusqu’au bout de ses passions, acquiert en 1992 l’un des plus imposants châteaux du XVIIième siècle français, situé en Normandie à une centaine de kilomètres de Paris.

En l’espace de cinq ans, Jacques Garcia ressuscite Champ de Bataille de ses splendeurs princières, livrant à cette demeure le meilleur de lui-même. A lui seul, Champ de Bataille offre l’étendue du talent de Jacques Garcia, un mélange de genres, d’alliances, d’emprunts qui exalte le grand goût, livrant un enchaînement de salons, de galeries, de cabinets de jeux, de bibliothèques, richement décorés, admirablement meublés. Mais la passion qu’il nourrit pour toutes les choses élevées le pousse très vite à s’intéresser aux jardins qui entourent Champ de Bataille. La restitution des jardins à la française, dans l’esprit des créations d’André Lenôtre, tels qu’ils avaient été pensés à l’origine, avec bosquets, parterres dessinés, bassins, allées, terrasses, plans d’eau, fontaines et perspectives, permettent de redonner à Champ de Bataille son unité initiale.

En tout, plus de 38 hectares dessinés, nivelés, plantés, irrigués, une tâche titanesque qui font des jardins de Champ de Bataille, l’une des plus grandes réalisations de jardins privés en France depuis le début du XXième siècle.

  Avec plus de 40 réalisations d’envergure par an, Jacques Garcia est un des décorateurs français les plus sollicités. C’est d’ailleurs cette notoriété grandissante qui pousse au début des années 2000 à développer ses propres collections de meubles, de lampes et de tissus aux Etats-Unis et partout dans le monde. Spécialiste des lieux mythiques, du restaurant favori de James Joyce (Le Fouquet’s) à la villégiature parisienne d’Oscar Wilde (l’hôtel des beaux-Arts), Jacques Garcia s’est aussi attaché une clientèle privée prestigieuse et internationale, non citée dans ce texte pour des raisons de confidentialité.

 A propos de Champ de Bataille, Jean de La Varende écrivait : « Ici règne l’ampleur. Le décor n’intervient qu’après la déclaration de puissance. ». Cette idée m’a guidé depuis ma tendre enfance. Et c’est en 1992 que le destin de ce chef-d’œuvre de l’architecture française du XVIIe siècle et le mien se sont liés à jamais. À l’origine, mon intention était simplement d’acquérir un bâtiment dont l’architecture serait en parfait état, mais dont les intérieurs, dépouillés depuis la Révolution, avaient perdu leur âme et leur grâce.

 Je fais la profession de foi, à travers mon métier, de redonner vie aux décors des XVIIe et XVIIIe siècles, je me suis attaché à restituer le même luxe, la même générosité, la même extravagance baroque dans la décoration intérieure que celle que l’on peut apprécier depuis toujours sur les façades extérieures de ce château.
L’ensemble des collections que j’ai rassemblées depuis trente ans se compose en grande partie d’objets et de meubles qui proviennent des saisies révolutionnaires de 1792.
Mon but était d’accomplir autour de ce joyau et de ce qu’il renferme un grand œuvre digne de lui, qui le pérenniserait et permettrait aux amateurs, encore éblouis par l’éclat de la France durant ces deux siècles, d’en retrouver la force créatrice. Il s’agissait aussi pour moi de m’inscrire dans une continuité, sans introduire de rupture entre la connaissance du passé et la modernité.