Source: Champs de bataille
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Mais il serait impossible de raconter l’incroyable parcours de Jacques Garcia, sans parler de Champ de Bataille. Cet homme qui a l’habitude d’aller jusqu’au bout de ses passions, acquiert en 1992 l’un des plus imposants châteaux du XVIIième siècle français, situé en Normandie à une centaine de kilomètres de Paris. |
En l’espace de cinq ans, Jacques Garcia ressuscite Champ de Bataille de ses splendeurs princières, livrant à cette demeure le meilleur de lui-même. A lui seul, Champ de Bataille offre l’étendue du talent de Jacques Garcia, un mélange de genres, d’alliances, d’emprunts qui exalte le grand goût, livrant un enchaînement de salons, de galeries, de cabinets de jeux, de bibliothèques, richement décorés, admirablement meublés. Mais la passion qu’il nourrit pour toutes les choses élevées le pousse très vite à s’intéresser aux jardins qui entourent Champ de Bataille. La restitution des jardins à la française, dans l’esprit des créations d’André Lenôtre, tels qu’ils avaient été pensés à l’origine, avec bosquets, parterres dessinés, bassins, allées, terrasses, plans d’eau, fontaines et perspectives, permettent de redonner à Champ de Bataille son unité initiale. |
En tout, plus de 38 hectares dessinés, nivelés, plantés, irrigués, une tâche titanesque qui font des jardins de Champ de Bataille, l’une des plus grandes réalisations de jardins privés en France depuis le début du XXième siècle. Avec plus de 40 réalisations d’envergure par an, Jacques Garcia est un des décorateurs français les plus sollicités. C’est d’ailleurs cette notoriété grandissante qui pousse au début des années 2000 à développer ses propres collections de meubles, de lampes et de tissus aux Etats-Unis et partout dans le monde. Spécialiste des lieux mythiques, du restaurant favori de James Joyce (Le Fouquet’s) à la villégiature parisienne d’Oscar Wilde (l’hôtel des beaux-Arts), Jacques Garcia s’est aussi attaché une clientèle privée prestigieuse et internationale, non citée dans ce texte pour des raisons de confidentialité.
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A propos de Champ de Bataille, Jean de La Varende écrivait : « Ici règne l’ampleur. Le décor n’intervient qu’après la déclaration de puissance. ». Cette idée m’a guidé depuis ma tendre enfance. Et c’est en 1992 que le destin de ce chef-d’œuvre de l’architecture française du XVIIe siècle et le mien se sont liés à jamais. À l’origine, mon intention était simplement d’acquérir un bâtiment dont l’architecture serait en parfait état, mais dont les intérieurs, dépouillés depuis la Révolution, avaient perdu leur âme et leur grâce.
Je fais la profession de foi, à travers mon métier, de redonner vie aux décors des XVIIe et XVIIIe siècles, je me suis attaché à restituer le même luxe, la même générosité, la même extravagance baroque dans la décoration intérieure que celle que l’on peut apprécier depuis toujours sur les façades extérieures de ce château.
L’ensemble des collections que j’ai rassemblées depuis trente ans se compose en grande partie d’objets et de meubles qui proviennent des saisies révolutionnaires de 1792.
Mon but était d’accomplir autour de ce joyau et de ce qu’il renferme un grand œuvre digne de lui, qui le pérenniserait et permettrait aux amateurs, encore éblouis par l’éclat de la France durant ces deux siècles, d’en retrouver la force créatrice. Il s’agissait aussi pour moi de m’inscrire dans une continuité, sans introduire de rupture entre la connaissance du passé et la modernité.