Régie Théâtrale

=> Avant propos:

J’ai voulu faire cette page en gardant intacte le texte initiale pour vous faire partager cette mémoire du spectacle. Son histoire est riche. Il serait dommage, à mon sens, de tronquer celle-ci.  L’association de la Régie Théâtrale est une association qui est reconnue d’utilité publique en 1924. C’est un lieu de recherche. En  1972, elle devient l’ Association de la Régie Théâtrale.
Son système fonctionne principalement grâce à des dons des donateurs des membres du spectacle.

Association de la Régie Théâtrale
fondée en 1911
reconnue d’Utilité Publique en 1924

regisseur
Dessin de R. Giffey
Collections A.R.T.

De 1911 à 1969

1911 Naissance de l’Amicale des Régisseurs de Théâtre

La vie théâtrale parisienne est intense en cette fin du XIXème siècle et Paris est aussi l’un des hauts lieux de la création lyrique. Notre société hyper-protégée, en dépit des difficultés que l’on sait, oublie aujourd’hui, qu’en ce temps là, la protection sociale n’existe pas. Aussi n’est-il pas surprenant de voir les régisseurs envisager de se regrouper. C’est d’abord dans la tête d’Hubert Génin Directeur de la scène du Théâtre du Châtelet – Direction Fontanes – et journaliste à Comoedia, que naît l’idée d’une amicale qui verra son aboutissement avec la création de l’Amicale des Régisseurs de Théâtre le 29 Décembre 1911, avec, à sa tête, Ernest Carbonne Directeur de Scène de l’Opéra Comique. Le premier siège social se compose d’une seule vaste pièce au 29 de la rue Etienne Marcel. Ses objectifs de départ :

  • resserrer les liens de confraternité et de solidarité entre les régisseurs ;

  • Pratiquer l’aide professionnelle ;

  • Aider les membres âgés ou en situation précaire.

Le comité en 1911
1er comité (provisoire) en 1911
au foyer du Théâtre du Gymnase
Collection A.R.T.
Liste des Membres Fondateurs
cliquez ici

Un grand gala organisé au Théâtre de la Gaîté – Lyrique, en 1912, apporte le premier financement.
En août 1914, la plupart des membres de l’Amicale sont mobilisés. Ceux qui ne sont pas sous les drapeaux, s’activent au sein d’une fraternelle du spectacle qui, pendant toute la guerre, viendra secourir nombre d’artistes.

poulbot
« Quand le métro est en panne, Madame, on prend l’autobus… »
Dessin de Poulbot
Mars 1914
Collections A.R.T.

Le Sabot de Noël
Dès 1919, le phénomène syndical prend de l’ampleur et l’association, présidée depuis 1916 par Henry Prévost, administrateur général du Châtelet, laisse aux organisations professionnelles le soin de défendre les intérêts de leurs membres tandis qu’elle cultive la notion de fraternité. C’est sous sa présidence que Blond’hin, fondateur avec Dranem de la maison de retraite de Ris-Orangis, a l’heureuse idée de la création du « Sabot de Noël » auquel l’association des régisseurs participe en achetant les premiers sabots offerts par les quêteuses, suivie fin 1916, par l’association des artistes dramatiques sous la présidence de Jean Coquelin.

En 1918 Eugène Lespinasse, comédien autant que régisseur, évoque l’idée d’une bibliothèque qui conserverait, avec les manuscrits, l’ensemble des documents indispensables à une reprise éventuelle du spectacle, selon la mise en scène originale, et, par conséquent, en accord avec la pensée de l’auteur. L’idée que chaque régisseur pourrait par testament léguer l’ensemble des éléments réunis tout au long de sa carrière, commence à prendre corps.

La fiche de Pierre Baudu
La fiche de Pierre Baudu
Collection A.R.T.

Le Relevé de mise en scène
Le théâtre étant, par essence, un art éphémère, les traces qu’il laisse sont extrêmement fragiles. Les textes ( Il est peu courant qu’une pièce soit éditée avant d’avoir l’aveu du public, il n’est pas rare qu’elle reste après son exploitation à l’état dactylographique.) étaient le plus souvent ronéotypés. La reliure en était rudimentaire. Sur ces textes, le régisseur portait les notes de mise en scène, intentions psychologiques, places et mouvements des acteurs, positionnement des meubles et accessoires, variation des lumières etc. bref, tout ce qu’il fallait savoir pour reconstituer le spectacle, avec une autre troupe, même en l’absence du metteur en scène.

Lespinasse prit son bâton de pèlerin pour convaincre un à un les professionnels responsables (directeurs des théâtres de Paris, directeurs de tournées, de l’utilité de ce travail, du temps et de l’argent qu’il ferait économiser en cas de reprise du spectacle.

On s’aperçoit aujourd’hui que c’est dans ce précieux fonds des relevés de mise en scène que l’on retrouve trace d’œuvres inédites et introuvables ailleurs.

À la mort d’Henri Prévost en 1922, le vice-Président rend à ce dernier un hommage appuyé. Paul Edmond qui prend en mains les destinées de l’Art est conscient de l’utilité certaine, pour les professionnels, des relevés de mises en scène et des conduites des spectacles.

C’est sous son mandat, en 1923, que l’A.R.T. s’installe au 3ème étage du 18, rue Laffitte et qu’un premier règlement est établi pour les relevés de mises en scène ainsi que les conditions de leur prêt. En 1924, un évènement majeur apporte à l’association la solidité de son assise pour l’avenir par le décret officiel du 14 mars 1924 :

L’Association dite Amicale des Régisseurs des Théâtres Français dont le siège est à Paris, est reconnue d’Utilité publique.
Le Ministre de l’Intérieur est chargé de l’exécution du présent décret qui sera inséré au Bulletin des lois.

Fait à Paris, le 14 Mars 1924
Signé :
Alexandre Millerand
Président de la République

 

Une organisation très stricte s’instaure alors, sur plusieurs plans : la formation et la conservation des mises en scène. Déjà, on commence à penser à une institutionnalisation de ce dépôt.

Les nouveaux statuts sont clairs : Afin de favoriser les dons et les legs, le fonds est garanti autonome. Un catalogue est ouvert et garantit la conservation des livres manuscrits et documents.

Quand Paul Edmond fait don de ses propres collections en 1927, il convient d’agrandir les locaux. Une pièce est louée faubourg st Denis. Les cours d’enseignement technique permettant au régisseur de réunir ces trois qualités essentielles que sont l’aptitude à la mise en scène, la connaissance des techniques du plateau, l’administration du spectacle.

Louis Jouvet et Gaston Baty travaillent sur le projet qu’une sévère crise financière, obligera, hélas, à suspendre en 1928.

La fiche de Louis Jouvet
La fiche de Louis Jouvet
Collection A.R.T.

En 1929, c’est Félix Ducray Administrateur du Théâtre du Gymnase puis de la Madeleine qui reprend énergiquement en mains les destinées de l’ART. Conscient du rôle que la Bibliothèque pouvait apporter, décide de la faire mieux connaître, principalement auprès de la Société des Auteurs. Sous son mandat, les finances seront rétablies ainsi que la subvention de la SACD, dont le Président Charles Méré, confirme son attachement:

Monsieur le Président,
Monsieur Deyrieux, Délégué général à notre commission nous communique la lettre que vous lui avez adressée le 13 novembre avec les volumes des mises en scène que lui avez confiés. La commission a examiné ces documents avec le plus vif intérêt et m’a chargé de vous exprimer ses félicitations pour l’œuvre si intéressante entreprise par vous et réalisée de façon parfaite. Elle a l’intention, au surplus, d’obtenir dans un prochain traité avec les Directeurs des Théâtres de Paris l’insertion d’une clause au terme de laquelle ces derniers s’obligeraient à remettre les mises en scène de leur pièce à votre association. Notre société est heureuse de vous donner son patronage et, sa commission, dans sa séance du 21 courant a déclaré vous accorder une subvention de 800 francs.
Veuillez agréer…

Le Président
Charles Méré

Aux côtés de Félix Ducray, les vices présidents Hubert Génin ainsi que Marc Roland qui sera, à partir de 1940, conservateur de la Bibliothèque et commencera un premier pieux et inventaire manuscrit. Ses notes restent précieuses pour la connaissance de nos archives.

 

1934 l’Amicale devient Association des Régisseurs de Théâtres

Le comité en 1936
Le comité en 1936
Collection A.R.T.

Georges Deyrens en assure la présidence dès 1934 et va en modifier les statuts. L’amicale devient l’Association des Régisseurs de Théâtre. C’est le nom qu’elle gardera jusqu’en 1976. Les dons affluent, liquidités, documents, matériel, comme lors du transfert de ses collections dans les nouveaux locaux, quelques étages plus bas à la même adresse, avec cinq pièces dont trois grandes. Plusieurs éminentes personnalités saluent alors, le rôle du régisseur :
Victor Boucher : « Un bon régisseur vaut une bonne pièce. »
André Antoine : « Personne plus que moi n’aura apprécié le rôle considérable du régisseur de théâtre et j’ai gardé de ceux qui furent mes collaborateurs le souvenir le plus ému. »
Sacha Guitry à son régisseur Georges Lemaire : « Dîtes de ma part à vos camarades combien nous serions injustes en méconnaissant le rôle modeste et capital que vous jouez à nos côtés. D’ailleurs ce n’est pas sans raison que votre mission si délicate s’appelle une conduite. »

A.R.T.
Papier à en-tête de l’A.R.T.

Le Rayonnement de la Bibliothèque
Le rayonnement de la bibliothèque s’étend, la presse commence à consacrer des articles importants. Un stand est tenu par Laurac et Helvet à l’exposition universelle de 1937.

L'A.R.T. à l'Exposition universelle de 1937
Collection A.R.T.

Georges Deyrens obtient de Vuillermoz un grand article dans l’illustration de début 1939.
Auprès de lui depuis 1936, l’agent général, Mademoiselle Ducoin véritable cheville ouvrière de l’association accepte de travailler bénévolement trois fois par semaine pour permettre un fonctionnement normal et, Maître Aujol, avocat, devient le conseiller juridique de l’Association. Georges Deyrens sera élu pour un troisième mandat gérant la période d’ombre de la guerre qui, grâce à la vigilance des membres, se déroulera sans dommage pour les collections.

Melle Ducoin
Melle Ducoin
agent générale de 1936 à 1975.
L’A.R.T. lui doit beaucoup.
Collection A.R.T.

Les temps des mutations : 1945-1969
En 1946, les metteurs en scène, sous la direction de Gaston Baty créent un syndicat pour préserver la propriété intellectuelle de leur mise en scène. L’ART entreprend une négociation avec notamment Raymond Rouleau et André Barsacq qui donnent l’exemple à leurs confrères en déposant personnellement leurs mises en scène à l’association.

M.Deyrens en 1949
Georges Deyrens (Président de 1934 à 1951)
entouré de Pierre Fresnay et d’Yvonne Printemps,
en 1949
Collection A.R.T.

Ces mises en scènes désormais déposées ne peuvent être communiquées sans autorisation de leur auteur.
Cette règle est toujours en vigueur en ce début du XXIème siècle.
La protection sociale avançant à grands pas en ces années d’après-guerre, c’est la Bibliothèque qui devient l’activité principale de l’association.
Des galas sont organisés, des prêts à des expositions prestigieuses élargissent son champ d’action, mais ses ressources restent insuffisantes.
Charles Valster, élu à la présidence en 1951, invite le ministre André Cornu à présider un grand gala de bienfaisance en 1952 à Mogador et obtient une subvention. La situation reste inconfortable puisque la subvention est, par nature, aléatoire.

Charles Valster
Charles Valster
(Président de 1951 à 1955)
Collection A.R.T.

De 1951 à 1954, 5000 visiteurs sont venus consulter les documents dans l’appartement de la rue Laffitte qui devient trop étroit.
On peut citer deux manifestations importantes organisées avec le concours de l’association :
Octobre 1952, à l’initiative de Marc Roland qui avait connu dans son enfance ce grand compositeur, et avec l’aide de Monsieur Jaujard et de la Ville de Paris, une plaque consacrée à Charles Gounod, est apposée sur l’hôtel qu’il habitait au coin de la place Malesherbes.
En 1957, en souvenir de Lugné Poë, fondateur du Théâtre de l’Œuvre, l’association participe à la mise en place du médaillon sculpté par Paul Belmondo sur la façade du théâtre avec le soutien de l’Ambassadeur de Norvège, de Monsieur Jaujard et de la société des auteurs ainsi que de René Fauchois et de tous les auteurs ayant été joués par Lugné-Poë.

gala à Mogador
Gala de soutien à l’A.R.T.
Collection A.R.T.

À la mort de Charles Valster, Gabriel Daniel Vierge est élu en 1955 à la présidence et met au point une méthode pour l’établissement rationnel des relevés de mise en scène et tente un rayonnement à même d’engranger les finances nécessaires à l’action de l’association. Très lettré, ancien élève du conservatoire, il poursuit le développement culturel de la bibliothèque en la faisant mieux connaître, parmi les groupements littéraires, tant en France qu’à l’étranger. Frappé d’une longue et douloureuse maladie il meurt en avril 1958, alors qu’aucun membre ne se sent en mesure d’accepter la présidence.
Depuis 1951, alors qu’il était au cabinet du ministère des Beaux arts, Jacques-Louis Antériou était régisseur d’honneur de l’Association. C’est donc vers cet homme cultivé et entreprenant que les régisseurs se tournent, en 1958, pour prendre la tête de l’association qu’il présidera jusqu’en 1973.

La Présidence de Jacques Louis Antériou 1958-1974
Ses relations dans le monde culturel permettent l’organisation de conférences. On élit de prestigieux régisseurs d’honneur qui vont devenir les membres du prix du Brigadier instauré en 1960. Parmi eux, A.M. Julien, Jean-Jacques Gautier, Pierre Fresnay, Paul Belmondo, André Roussin, Marcel Achard.

Jean-Jacques Gautier
Jacques-Louis Antériou (Président de 1958 à 1974)
remet le diplôme à A.M. Julien et à Jean-Jacques Gautier, à droite
Collection A.R.T.

Création d’une association, « Les Amis de la Bibliothèque de l’A.R.T. », qui vont aider financièrement l’organisation de ces manifestations.

Le premier Brigadier couronne la première pièce de Françoise Sagan, Château en Suède, au théâtre de l’Atelier dans une mise en scène d’André Barsacq.

"Château en Suède"
Château en Suède
(photo DR)

En 1961, c’est le duo magistral de Pierre Brasseur et Maria Casarès qui est salué pour Cher Menteur.

"Cher menteur" Maria Casarès et Pierre Brasseur
Cher menteur
Maria Casarès et Pierre Brasseur
(photo DR)

Les Amis de la Bibliothèque de l’A.R.T. apportent leur soutien à ces manifestations dont les réunions du jury, puis les remises de prix se déroulent, au gré des possibilités, dans des Ambassades, des Hôtels particuliers, voire des restaurants parisiens. Il est intéressant de constater l’option résolument novatrice du Jury alors qu’y siègent des Académiciens, puisque 1962 verra le sacre de Mon Faust de Paul Valéry avec Pierre Dux et Pierre Fresnay, dans la mise en scène de Pierre Franck à l’Œuvre; 1963 récompensera le mime Marcel Marceau pour son spectacle au Théâtre de la Renaissance, tandis qu’en 1964, c’est le décorateur Jacques Dupont, qui sera honoré pour son décor d’ Un mois à la campagne de Tourgueniev, au Théâtre de l’Atelier, dans une mise en scène d’André Barsacq, avec la sublime Delphine Seyrig qui parvient à la notoriété. Pierre Dux et le sculpteur Paul Belmondo rejoignent le jury. En 1966, c’est dans la mise en scène de Jean-Marie-Serreau de La soif et la faim à la Comédie-Française qu’Eugène Ionesco, auteur s’il en est de l’absurde, reçoit à son tour le brigadier. En 1967, le jury salue une jeune équipe conduite par une jeune et brillante animatrice metteur en scène, Ariane Mnouchkine, qui créée l’évènement avec La Cuisine d’Arnold Wesker montée au Cirque Médrano. En 1968, tandis que beaucoup de choses se délitent dans la capitale, René Ehni est salué pour la création de sa pièce Que ferez-vous en Novembre ?

Le Prix du Brigadier qui récompense l’événement théâtral de la saison a conquis ses lettres de noblesse. Cependant, malgré les efforts du Conseil d’Administration, la gestion de la Bibliothèque s’avère de plus en plus difficile.

Les financements sont insuffisants et la rue Laffitte malgré toute l’ingéniosité de la fidèle Mademoiselle Ducoin, « ressemble plus à un bric à brac de bouquiniste qu’à une bibliothèque institutionnelle ».

rue Lafitte
La rue Lafitte
Collection A.R.T.

Conscient, à la fois de la richesse de ses collections et de l’insuffisance de ressources de l’A.R.T., lesquelles lui permettent à peine de payer le loyer de la rue Laffitte, le Conservateur de la Bibliothèque de l’Arsenal, se propose de faire supprimer la plus que modeste subvention qui lui est attribuée par l’Etat et et de récupérer l’ensemble de ses biens au profit de du département spectacle de la Bibliothèque Nationale.

Roger Lauran
Roger Lauran, (actuel vice-président) entre Paul Mathos et André Herbaux
Collection A.R.T.

Les héritiers des fondateurs, peu enclins à voir tomber en des mains d’archivistes les souvenirs vivants de l’art qu’ils servaient passionnément se tournent alors, à l’initiative de Jacques-Louis Antériou, de Serge Bouillon et de Roger Lauran, avec l’aide de Maitre Aujol avocat de l’association, vers la Ville de Paris à qui ils demandent hébergement, protection et possibilité de poursuivre leur quête d’une documentation qui témoigne de leur art et qu’ils s’efforcent, mieux que personne, au fil des ans, de faire vivre et d’enrichir.

Après un an de négociations menées sous l’autorité de Clovis Eyraud, la convention passée entre Jacques-Louis Antériou et le Préfet de Paris Marcel Diebolt est ratifiée.

L’A.R.T., en 1969, quitte son siège de la rue Lafitte devenu trop exigu.
La Ville de Paris lui garantit une totale indépendance et l’accueille, avec  la totalité de ses collections, au sein de la Bibliothèque historique.

hotel de lamoignon
L’Hotel de Lamoignon
(photo bhvp)

De 1969 à 1990

La transition entre l’appartement de la rue Laffitte et le magnifique hôtel d’Angoulême Lamoignon va marquer un temps de pause pour l’extériorisation de l’Association qui se manifestera essentiellement par la remise régulière du prix du Brigadier. Le nouvel aménagement des collections au sein de la Bibliothèque historique de la ville de Paris requiert du temps. La fidèle agent général, Mademoiselle Ducoin, prend assez vite possession du bureau mis à la disposition de l’association. Une organisation de casiers verts et de rayonnages en métal va permettre aux souvenirs divers et précieux de s’exposer aux visiteurs.

Le conservateur en chef, M. de Saint-Rémy définit le début du classement des collections qui vont être réparties dans plusieurs secteurs de la Bibliothèque :

- Tout ce qui est édité ( livres, publications, revues, programmes divers, au deuxième sous-sol,

- Les originaux conduites de mises en scène dramatiques et lyriques, photographies, dossiers de presse, autographes etc..au 3ème étage ;

- Les affiches au département réservé à cet effet au dessus de la salle des commissions.

Pour ce qui est des mises en scènes postérieures à 1946 qui demeurent sous le seul contrôle de l’A.R.T., une armoire grillagée leur est dévolue au 1er sous-sol. C’est encore le temps où les régisseurs ou assistants-metteurs en scène déposent les relevés de mise en scène et conduite du spectacle, à l’A.R.T. Mais cette coutume devient de plus en plus désuète et le Conseil d’Administration songe à un relevé de mise en scène audiovisuel.

Ces premières années à la Bibliothèque historique seront marquées sous le sceau des difficultés d’aménagement et des soucis de fonctionnement en raison de la modestie de notre financement, conservant le projet d’une théâtrothèque audiovisuelle renouvelant le relevé de mise en scène devenant de plus en plus obsolète.

L’A.R.T. ne peut renouer avec sa tradition du Prix du Brigadier qu’en 1971, en saluant Jean Anouilh, auteur trois fois à l’affiche en cette saison théâtrale. C’est l’occasion d’une mini-exposition évoquant la carrière de ce grand auteur concoctée par Maire-Odile Gigou, Roger Lauran et Danielle Mathieu, ces derniers étant respectivement dans deux des théâtres affichant le récipiendaire qui reviendra chez lui, très heureux, par le métro, son brigadier à la main, à la surprise des voyageurs de son wagon. Ce sera la seule distinction acceptée par ce grand auteur.

Le rapprochement avec la municipalité fait un pas supplémentaire puisque c’est en présence du Président des Affaires culturelles et du Directeur des Beaux-Arts de la ville de Paris que Bernard Haller reçoit le 18 décembre 1972 le Prix du Brigadier pour son spectacle Et Alors ? au Théâtre de la Michodière. Bernard Haller sera désormais l’un des plus fidèles des remises successives de ce trophée.

Bernard Haller
Jean-Claude Pascal au second plan, Jacqueline Maillan et Bernard Haller au Théâtre de la Michodière
(photo DR)

Monsieur de Saint-Rémy, Conservateur général en chef, accepte l’idée d’une visite des élèves régisseurs de l’ENSATT Ecole Nationale supérieure des arts et techniques du Théâtre, conduite par Marie-Odile Gigou, conservatrice, et Louis Le Coz, leur professeur et également secrétaire général.

Néanmoins son rapport moral pour l’année 1973 est teinté de mélancolie et d’inquiétude pour le métier confronté à la crise et à la fermeture de plusieurs théâtres.

Le 25 Octobre pourtant, le Baron Alexis de Rédé, Président d’honneur des Amis de la Bibliothèque de l’A.R.T reçoit les invités à la lueur des chandelles de l’Hôtel Lambert pour remettre le Brigadier à Rolf Liebermann, Directeur de l’Opéra de Paris, à l’occasion de la présentation exceptionnelle des Noces de Figaro dans la mise en scène de Giorgio Strehler.

1974: cette dernière année de la présidence de Jacques-Louis Antériou marque une période transitoire pour l’Association. Avant l’arrivée du matériel vidéo, obtenu grâce aux Ministère des Affaires culturelles, il fallut envisager la mise en place de la Théâtrothèque sur les plans, technique et administratif. Le Président Antériou confie à Serge Bouillon le soin de négocier avec les instances professionnelles l’autorisation de procéder à ces tournages. En premier lieu, la SACD, la SDRM et le Syndicat des Acteurs dont les accords interviennent en fin d’année. Il apparaît alors qu’un grand nombre d’autres organisations sont concernées et qu’il faut poursuivre les négociations.

Plusieurs essais techniques sont effectués au siège social puis au Théâtre La Bruyère, tentatives qui permettent de constater la multiplicité des mises au point nécessaires pour rendre opérationnel un matériel délicat, fort exigeant en réglages spécialisés, qui appelle chaque fois le concours de ses constructeurs. Le Conseil d’Administration nommera Louis Le Coz, alors Régisseur général du Théâtre Grammont et Secrétaire général de l’A.R.T. Directeur de la Théâtrothèque.

L’idée de la première Théâtrothèque est née. Il va falloir attendre deux ans pour qu’elle soit opérationnelle.

Serge Bouillon est élu en Décembre 1974, à la tête de l’association en même temps qu’un renouvellement total du Conseil. Mademoiselle Ducoin prend une retraite bien méritée et décide, malgré l’amitié qu’elle éprouve pour les membres de l’association, de disparaître et de couper les liens avec chacun d’eux. Un poste de télévision fait office de cadeau d’adieu. C’est Marie-Claire Laurent, ancienne collaboratrice de la Préfecture de Paris nouvellement retraitée, qui va la remplacer avec beaucoup de méticulosité et une grande gentillesse.

La Présidence de Serge Bouillon 1975-1983
Le Président va dynamiser la nouvelle façon d’effectuer le relevé de mise en scène par le tournage vidéo. Une seule caméra en plan fixe est exigée par les accords syndicaux.

La théâtrothèque sera opérationnelle dès 1975. Louis Le Coz et Danielle Mathieu se partageront les tournages de cette première année sur des cassettes VCR. Le 30 Mai 1975, Louis Le Coz recevra des mains de notre collègue Lucien Pascal les insignes de l’Ordre national du mérite dans la salle des commissions de la Bibliothèque historique.

Au printemps 1975, à l’invitation du Baron Alexis de Rédé, membre de l’association des amis de la Bibliothèque de l’A.R.T., le jury du Prix du Brigadier se réunit en l’Hôtel Lambert et décide d’attribuer le prix à Peter Brook qui vient d’investir l’ancien théâtre des Bouffes du Nord, oublié depuis des décennies, dans lequel il a monté un Timon d’Athènes surprenant. La remise de ce prix aura lieu dans ce théâtre dont les ruines de la salle et du plateau offrent leur cadre poétique à la cérémonie, en présence notamment de Pierre Dux, Jean-Louis Barrault, François Périer. Pour l’occasion l’A.R.T s’est associée à Dominique, ce passionné de théâtre, d’origine russe, qui avait institué un prix de mise en scène portant son nom, qui remet, à son tour, sa récompense à Peter Brook.

Le Conseil d’Administration confie alors la Direction de la Théâtrothèque à Danielle Mathieu secrétaire adjointe de l’association. Des caisses lourdes mais rationnelles ont été conçues et construites par Jacques Saland, secrétaire général assisté du Vice Président Robert Roussel. De manière terriblement artisanale, plusieurs tournages voient ainsi le jour. (Depuis 2007, l’A.R.T. a commencé un vaste programme de repiquage de ces cassettes dont les standards ont aujourd’hui disparus, notamment les premiers VCR Philips.)

Sachant que pour les fondateurs, les régisseurs étaient à la fois directeurs de plateau et metteurs en scène, Serge Bouillon estime que le recrutement au sein de l’A.R.T. ne peut se limiter aux seuls Régisseurs tels qu’ils se définissent aujourd’hui. Il entreprend alors une réforme des statuts, et nomme, pour ce faire une Commission où siègent notamment Roger Lauran, André Herbaut, Maurice Derville, Vice Président, et Danielle Mathieu. Après de longs mois de travail, les nouveaux statuts seront adoptés par une assemblée générale extraordinaire qui fera de l’A.R.T., L’Association de la Régie Théâtrale. Son recrutement est désormais ouvert aux différentes professionnels cadres artistiques, administratifs et techniques du spectacle. En 1976, c’est toujours au sein de la grande galerie de l’Hôtel Lambert que Marie Marquet recevra le Prix du Brigadier pour son récital poétique.

En 1977, Serge Bouillon est nommé Professeur de Régie Administration à l’ENSATT École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre. Il succède à Louis Le Coz qui prend sa retraite après avoir tourné notamment La Folle de Chaillot et La Farce de Maître Pathelin.

Maurice Derville, vice–Président, est nommé chevalier de la Légion d’honneur. Cette distinction lui est remise par Georges Thill, surnommé longtemps la voix du siècle, ce qui donne l’occasion de rencontrer au sein de la Bibliothèque historique de la ville de Paris, puis au cours d’un dîner amical, l’un des plus célèbres ténors du monde de la première moitié du XXème siècle.

L’A.R.T. participe activement à l’exposition Jean Cocteau organisée en Janvier 1977 à l’occasion de la première reprise depuis longtemps de la pièce Les Parents Terribles dans la mise en scène de Jean Marais qui, cette fois-ci, non seulement en assure la mise en scène, mais incarne le rôle du père, aux côtés de Madeleine Robinson, Lila Kédrova, Caroline Sihol et François Duval dans des décors de Pace.

L’A.R.T. peut aussi se réjouir qu’à la suite des démarches entreprises auprès du Ministère de l’Éducation, et à la collaboration de son Président à la commission d’élaboration des programmes d’étude, le Diplôme de Régisseur-Administrateur délivre par l’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT) sera désormais un diplôme d’etat correspondant à un baccalauréat technique plus 2 unités de valeur de Licence.

Parallèlement le classement se poursuit et l’accent est mis, notamment dès 1977, sur un répertoire des mises en scène lyriques. Un ouvrage en témoignera signé par Marie Odile Gigou et Robert Cohen. Ce dernier, chercheur canadien a très vite été conquis par les trésors que recèle le fonds de l’A.R.T. Un tiré à part fera l’objet en 1978 d’une publication dans la revue Musicologie. En effet, de 1830 à 1920 Paris était l’une des capitales de la création lyrique et nombre des fondateurs de l’association dirigeaient les plateaux des plus grandes salles lyriques, l’Opéra et l’Opéra comique, Gaîté Lyrique, Châtelet etc.

revue de musicologie
(photo DR)

De 1980 à 1990 :
Un premier classement des programmes est effectué qui sera achevé en 1980. La BHVP peut mettre à la disposition de ses lecteurs une première série de huit mille livres apportés par l’A.R.T. et qui manquaient à ses collections. Le travail de classement et d’identification, lent et méticuleux, avance petit à petit. Le Conseil d’Administration autorise Madame Carot à plonger dans les archives administratives de l’association pour rédiger une thèse qu’elle soutiendra à la Sorbone.

Grâce à Olivier Passelecq. Directeur du Cabinet de Pierre Bas, adjoint au Maire de Paris chargé de la culture, ce dernier accepte de remettre au Théâtre Marigny le prix du Brigadier à Jean Le Poulain pour sa performance dans Le Faiseur d’après Honoré de Balzac.

Jean Le Poulain
Jean Le Poulain
(Photo art/dmb)

Le jury du Prix est restructuré et accueille, en 1980, parmi les Régisseurs d’honneur déjà nommés et les Amis de la Bibliothèque (le Baron Alexis de Rédé, La Baronne Ignace, Madame Dromigny et Madame Betty Thinet ) Jean-Claude Brialy, Jacques Crépineau et Jean-Laurent Cochet. Le prix sera décerné à Jeanne Moreau et remis à l’Hôtel de Ville par Monsieur Pierre Bas adjoint au maire chargé de la culture. Ce rapprochement avec la Ville s’accompagne d’une augmentation de notre subvention qui compensera celle, modeste, que le Ministère de la Culture supprimera en 1981.

Jeanne Moreau
Pierre Bas et Jeanne Moreau
(Photo BHVP/Gérard Leyris)

Le jury du Prix du Brigadier s’enrichit de trois nouveaux membres d’honneur : Loleh Bellon, comédienne et auteur, Fred Kiriloff, réalisateur sonore et Olivier Passelecq, Directeur du Cabinet de Pierre Bas, adjoint au Maire de Paris, qui au sein d’une assemblée prestigieuse, remet, au nom de l’A.R.T. le Prix du Brigadier à Roman Polanski pour son spectacle Amadeus dont il signe la mise en scène et incarne le rôle titre aux côtés d’un François Périer magnifique dans le rôle ambigu de Salieri.

Roman Polanski
Serge Bouillon, Pierre Bas et Roman Polanski
(Photo BHVP/Gérard Leyris)

La théâtrothèque progresse lentement, faute de moyens. Les aléas techniques nuisent à certains tournages qui ne peuvent aboutir. Néanmoins, au cours de ces premières années d’existence, la liste des enregistrements s’enrichit d’une trentaine de titres, certains mémorables dont aucune trace ne subsiste ailleurs : Equus de Peter Shaeffer, création en France avec François Périer – L’Atelier de Jean-Claude Grumberg ( création ) – Comme il vous plaira, mise en scène de Benno Besson – L’Aigle à deux têtes à l’Athénée dans les décors et costumes d’Yves Saint-Laurent – Le Tube de Françoise Dorin avec François Périer et Denise Grey – Le Péril Bleu de Victor Lanoux avec Odette Laure – Les Parents Terribles de Jean Cocteau, mise en scène de Jean Marais…

Le Président obtient qu’une exposition mettant en évidence les trésors de l’association soit présentée à la Bibliothèque historique. Hélène Verlet, Conservateur général en confie l’organisation à Marie-Odile Gigou. Ce sera Avant les trois coups  en 1982 : Première manifestation d’un fonds exceptionnel, celui collecté depuis quatre-vingts ans par l’association de la Régie Théâtrale.

"Avant les trois coups"

Au début de la saison 1982, à la Bibliothèque historique de la ville de Paris, Françoise de Panafieu remettra le Brigadier à Raymond Gérôme pour sa prestation dans L’Extravagant Mister Wilde au Théâtre de l’Œuvre, dans le cadre d’une exposition éphémère organisée pour l’occasion qui confirme aux invités la richesse des collections et, plus important encore, stimule les donateurs.

Élu à la Présidence du Syndicat des Administrateurs en 1983, Serge Bouillon, très occupé par sa direction du Centre de Formation Professionnelle des Techniciens du Spectacle où il révolutionne l’enseignement de la régie théâtrale avec de nouveaux cursus qui seront copiés dans la France entière, chargé de surcroît, de la Direction administrative de la Compagnie Jean-Laurent Cochet au Théâtre Hébertot, et, depuis 1976, Président d’audience de la section encadrement du Conseil de Prud’hommes de Paris, démissionne de la présidence de l’Association. L’Assemblée générale réunie au début de l’été 1983 salue le travail accompli et le nomme Président d’Honneur. C’est Danielle Mathieu, qui partage sa vie depuis 1969, qui est élue Présidente de l’A.R.T., à l’unanimité.

La Présidence de Danielle Mathieu
Dès 1983, Danielle Mathieu va poursuivre l’action de Serge Bouillon dans le rapprochement avec la Ville de Paris, ce qui va faciliter l’expansion de l’activité de l’association. Grâce à Danielle Chutaux, auteur, metteur en scène et ex-assistante de Raymond Rouleau, devenue Trésorière générale et à Jean-Pierre Granet, comédien, élu secrétaire général adjoint, l’A.R.T. fait la connaissance de Fabienne Barbey, comédienne et metteur en scène, laquelle fait connaître à l’association Olivier Morel – fils du comédien Jacques Morel – qui vient de fonder une société d’enregistrement audiovisuel: L’Envol.

Le Conseil d’Administration déplore que l’exiguïté de sa trésorerie lui interdise le renouvellement incessant du matériel de prise de vue qu’exige pourtant l’évolution accélérée de la technologie et l’amélioration de la qualité des enregistrements. Il décide en conséquence, de charger l’Envol de la captation des spectacles, un contrat spécifique lui garantissant la propriété exclusive des enregistrements et la modicité des services. C’est le commencement d’une collaboration sans faille. La Direction de la Théâtrothèque est confiée à Fabienne Barbey chargée, après avis du Conseil, de négocier auprès du théâtre concerné les conditions du tournage du spectacle choisi. Cette année 1983 voit donc 14 tournages effectués, sachant que toutes les garanties nécessaires pour que ces enregistrements ne puissent faire l’objet de détournement de leur mission première, à savoir : la conservation d’une mise en scène et le témoignage de la représentation d’un spectacle vivant. Fin 1983, la ville de Paris charge Jean-Pierre Granet, de recenser les lieux et salles de spectacle fonctionnant ou susceptibles de fonctionner dans la capitale.

Dès 1984, Françoise de Panafieu, nouvel adjoint au Maire de Paris chargée de la culture, confirme son attachement à l’association et remet à l’Hôtel de Ville en présence de Madame Bernadette Chirac le Prix du Brigadier à Jean-Laurent Cochet pour saluer la saison d’alternance audacieuse qu’il a entreprise à Hébertot, avec Serge Bouillon en qualité d’administrateur général.

La compagnie Jean-Laurent Cochet à la BHVP
La compagnie Jean-Laurent Cochet dans la salle de lecture de la BHVP
(photos dmb/art)

Grâce aux documents archivés par l’A.R.T., Danielle Mathieu réalise avec les Éditions Fischer les 23 programmes de la première année d’exploitation en alternance. Serge Bouillon fait don à l’association d’une très importante collection d’affiches petits et grands formats datant de la direction de Jacques Hébertot 1940-1970.

En 1985, le jury du Prix du Brigadier décerne sa récompense à Serge Lama (partagée avec Jacques Rosny, Hubert Monloup et Yves Gilbert) pour Napoléon. Le Maire de Paris, Jacques Chirac remet ce prix au nom de l’association dans le salon des Arcades à l’Hôtel de ville. De nombreux dons vont parvenir à l’association et Danielle Mathieu – consciente du trop peu de reconnaissance affichée pour les décorateurs scénographes – entreprend un long combat pour les mettre en évidence.

Serge Lama
Remise du Prix du Brigadier à l’Hôtel de ville de Paris à Serge Lama
(Photo BHVP/Gérard Leyris)

En 1986 le catalogue des mises en scène lyriques de Marie-Odile Gigou et Robert Cohen de la Bibliothèque de Washington est enfin publié à New-York.

Grâce à l’intervention amicale de Olivier Passelecq, et à l’aimable invitation de Monsieur Michel Junot, Médiateur de Paris, le déjeuner de délibération du jury du Prix du Brigadier se déroule à la Maison de l’Europe. C’est cette année là que, succédant à Jean-Jacques Gauthier, l’Académicien Jean Dutourd. Cette amicale hospitalité se poursuivra plusieurs années. Le Prix est remis à Laurent Terzieff à l’occasion de son spectacle Témoignage sur Balybeg, à l’Hôtel de Ville par Françoise de Panafieu, adjointe au Maire de Paris, chargée de la culture et en présence de Madame Bernadette Chirac. C’est l’occasion, pour Laurent Terzieff d’une allocution, véritable morceau d’anthologie sur le théâtre anglosaxon contemporain.

L’A.R.T. participe à une importante exposition au Centre Pompidou Plein Feux sur le spectacle avec Yves Valente et, en fin d’année, à la demande de Jean-Jacques Aillagon, organise une exposition au Théâtre du Ranelagh autour du stage conduit par l’étoile de la danse Patrick Dupond qui rend hommage à quelques grandes personnalités, Sarah Bernhardt, Joséphine Baker, Maurice Chevalier, Pierre Fresnay, Gérard Philipe, Louis Jouvet.

1987 est une date importante. Récemment nommé à la tête de la BHVP, Jean Dérens qui doit faire une nouvelle présentation de l’exposition Petites scènes, Grand Théâtre inaugurée dans les immenses locaux de la Mairie du Vème, demande à l’A.R.T. de participer à une nouvelle présentation dans l’espace réduit de l’ancienne salle d’exposition de l’Hôtel Lamoignon. Cette compression nécessaire impose l’idée de reconstituer des maquettes en volume. C’est l’entrée dans l’équipe de Vincent Parot, de Yves Valente, d’Olivier Besson, toute une jeune génération active, qui va, dans les locaux du CFPTS, sous le contrôle des créateurs, reconstituer ou restaurer quelque 26 maquettes en volume. Chaque maquette se doit d’illustrer une œuvre d’un auteur révélé au cours de la période 1944-1960.

>"Petites scènes, Grands théâtres"
Vincent Parot, Yves Valente, Danielle Mathieu-Bouillon et Geneviève Latour
dans les locaux du CFPTS
Benoit Joëssel
Benoit Joëssel
(photo dmb/Collections A.R.T.)

C’est aussi l’arrivé, dans l’association, de Geneviève Latour et le début d’une grande et fructueuse collaboration. L’A.R.T. demande à la ville de porter sa subvention à 100.000 F, mais n’obtient pas la totalité de cette somme, et poursuit son chemin jonché de difficultés de trésorerie.

"Petites scènes, Grand théâtre"

Le remarquable ouvrage de Geneviève Latour, édité pour l’exposition à la Mairie du Vème arrondissement est augmenté d’un fascicule évoquant quelques nouvelles oeuvres.

C’est le début d’une médiatisation importante des travaux de l’association tant dans la presse écrite qu’à la radio. De plus en plus de documents sont confiés pour des expositions en région ou en europe. De plus en plus sont également reproduits dans des ouvrages spécifiques.

"Théâtre de création 1944-1960"
Collection A.R.T.

L’exposition à laquelle l’association participe très activement a lieu en 1987. Son impact sur le public est évident. Le conseil d’Administration note le succès des maquettes en volume et encourage Danielle Mathieu dans son désir d’élargir cette collection. Dès lors, chaque fois qu’une occasion se présente, dans la mesure où il s’agit de rendre hommage à des œuvres créées au cours de ce XXème siècle, une reconstitution est engagée. Le rayonnement de l’A.R.T. s’accentue. Sa participation à de nombreuses expositions extérieures ces années là en témoigne. Elles vont s’enchaîner et recueillir de plus en plus d’adhésion. L’afflux des dons ne cessera pas.

Cette activité est aussi le prétexte pour Marie-Odile Gigou et pour Danielle Mathieu d’archiver les photographies des documents qui ont fait l’objet de ces manifestations. Pour exemple, le dernier reportage de la Gaîté Lyrique et la récupération de quelques archives concernant Silvia Monfort.

Toutes ces années, le découpage de la presse, un temps interrompu par la BN est repris religieusement par l’A.R.T.. Un nouvel agent général est engagé depuis 1987, il a participé aux reconstitutions des maquettes pour l’exposition. C’est Olivier Besson qui restera à ce poste où il fera un remarquable travail de classement des archives administratives de l’association et donnera des documents concernant le metteur en scène Daniel Mesguisch dont il a été assistant.

Jacques Chirac, Maire de Paris et Premier Ministre remet le prix du Brigadier à Jean-Paul Belmondo lors d’une fête particulièrement réussie à l’Hôtel de Ville de Paris après que Serge Bouillon et à Danielle Mathieu aient reçu de ses mains la grande médaille de la Ville de Paris. Consciente du travail entrepris, la Mairie de Paris porte la subvention à 140.000F, elle aura doublé en trois ans.

Jean-Paul Belmondo
Serge Bouillon, Danielle Mathieu-Bouillon, Jean-Paul Belmondo et Jacques Chirac
(photo BHVP/Gérard Leyris)

1988: Tandis que la Revue Acteurs créée par Pierre Laville consacre un éditorial à l’A.R.T., Jacques Chirac remet le Prix du Brigadier à Claude Winter pour La Mort d’un Commis voyageur avec François Périer en présence notamment de Antoine Vitez Administrateur général de la Comédie française. Les medias se font l’écho de cet événement. Les dons affluent de plus en plus et, grâce au matériel vidéo prêté par le CFPTS de Serge Bouillon, l’A.R.T. peut enregistrer quelques faits marquants, comme un reportage sur Jean-Denis Malclès ou le 30ème anniversaire de la direction Delmas-Bierry au Théâtre de Poche, Stéphanie Latour se chargeant du tournage, tandis que Fabienne Barbey enrichit la théâtrothèque de 12 nouvelles captations.

L’association peut s’enorgueillir d’avoir participé plus ou moins activement à 8 expositions diverses dont une consacrée aux trente ans de la direction Delmas-Bierry au Théâtre de Poche-Montparnasse.

1989, année du bicentenaire de la révolution française, des maquettes reconstituées à l’occasion d’expositions diverses  : Le décor de Jean-Denis Malclès pour Pauvre Bitos de Jean Anouilh et celui de la création de Dialogues des Carmélites signé Raymond Faure.

"Pauvre Bitos"
Maquette du décor de Jean-Denis Malclès pour Pauvre Bitos de Jean Anouilh
Reconstituée par Vincent Parot
(photo Vincent Parot/Collections A.R.T.)

Deux autres maquettes architecturales sont reconstituées par Vincent Parot pour les célèbres cabarets le Tabou et la Rose Rouge qui seront présentées lors de l’exposition de Saint-Germain des Prés au Forum des Halles. Au total, malgré le peu de trésorerie dont nous disposons, six nouvelles maquettes s’ajoutent aux collections.

Maquette du Tabou
Maquette du Tabou
(photo Vincent Parot/Collections A.R.T.)

Parmi les dons significatifs, il convient de citer celui de Jean-Claude Houdinière, Directeur de Théâtre Actuel, concernant le costume de Louis Jouvet dans Ondine ainsi que le chapeau de Marguerite Moréno dans La Folle de Chaillot, ces deux objets étant des créations de Christian Bérard.

Le Maire de Paris lance, fin 1989, le projet d’une vaste opération pour la promotion du Théâtre et en nomme Danielle Mathieu commissaire général. Ce sera Paris sur scène: Prenez une place, venez à deux, qu’elle va concevoir et diriger de 1990 à 1995. Ce contact de six années avec tous les théâtres de Paris, tous secteurs confondus, va marquer un large développement de l’enrichissement des collections.

Jean-Denis Malclès et Vincent Parot devant la maquette d' "Ardèle ou la margueritte"
Jean-Denis Malclès et Vincent Parot devant la maquette d’Ardèle ou la margueritte
(photo DMB/A.R.T.)

1990 est l’année de la grande exposition consacrée à Jean-Denis Malclès, occasion d’une monographie conçue sous la forme d’un entretien conduit par l’auteur Michel Lengliney et iconographié par Geneviève Latour. L’exposition qui remporte un grand succès à la bibliothèque historique sera reprise grâce aux excellentes relations que l’association entretient avec Paul et Melly Puaux, à la Maison Jean Vilar d’Avignon, en avril mai 1990. Neuf relevés de mises en scène sur support audiovisuel s’ajoutent cette année là à notre collection.

De 1991 à 2000

Parmi les points communs de cette décennie, il est bon de noter l’affluence toujours plus intense des chercheurs, la participation de notre bibliothèque à l’édition d’ouvrages de plus en plus nombreux ainsi qu’à des documentaires télévisés.

1991 : Il convient de citer pour mémoire que 1990 avait vu la préparation d’une exposition, celle consacrée aux Théâtres de Paris à la Grande Halle Saint-Pierre avec l’aide de Béatrice de Andia, première version de la grande exposition itinérante prévue pour 1991.

En 1991, Catherine Baron, qui est aussi l’assistante de Danielle Mathieu-Bouillon pour l’opération Paris sur scène, remplace Olivier Besson au poste d’agent général. Cette année, notamment, l’A.R.T. participe à la grande exposition sur les théâtres de Paris qui sera itinérante et éclairée par un ouvrage de la Délégation artistique de la Ville de Paris sous la houlette de Béatrice de Andia, rédigé par Geneviève Latour et Florence Claval.

Les Théâtres de Paris de Geneviève Latour

Reprise dans quatre mairies parisiennes pour fêter le deuxième centenaire de la suppression du privilège royal le 13 janvier 1791, elle connaît un vif succès. Pour l’essentiel, les œuvres présentées proviennent des collections de l’ART. et de prêteurs privés professionnels. Béatrice de Andia fait don à l’A.R.T. des agrandissements photos ayant servi aux différentes présentations. La notoriété de l’association est en marche. En dépit des nombreuses dépenses occasionnées par cet énorme travail, Fabienne Barbey réussit 11 nouveaux tournages pour la Théâtrothèque et l’exposition hommage à la comédienne Gaby Silvia est reprise, avec l’aide de l’association, au Théâtre des 50 devenu, depuis, Théâtre de la comédie Bastille.

Dans la perspective d’une exposition qui lui sera consacrée, l’ART produit un film sur Jacques Noël, conçu par Danielle Mathieu et réalisé par Xavier de Cassan avec la participation de nombreuses personnalités comme le Mime Marceau, Eugène Ionesco, Jacques Mauclair.

Le jury du Brigadier se réunit à la Maison de l’Europe grâce à Michel Junot. Le jury s’est enrichi d’Armelle Héliot, journaliste au Figaro et de Jean-Claude Houdinière, Directeur du Cado d’Orléans et de Théâtre Actuel. C’est Francis Huster qui reçoit le prix à l’hôtel de ville des mains de Jacques Chirac, pour son spectacle La Peste d’après Albert Camus créé que la scène du Théâtre de la Porte Saint-Martin.

1992 : 11 nouveaux spectacles sont enregistrés pour la théâtrothèque et l’on recense de nombreux dons, provenant notamment de Françoise de Panafieu et Nelly Tardivier, un don très important de Francis Charles Directeur technique du TEP et du Théâtre de la Colline. Don important et émouvant de Marcelle Tassencourt, avant son départ du Théâtre Montansier à Versailles dont elle assurait le direction depuis de nombreuses années.

En sa qualité de Commissaire général de l’opération Paris sur scène, Danielle Mathieu-Bouillon participe pour la première fois au salon du livre au Grand-Palais, lequel lui confie le 1er étage consacré au théâtre avec l’aide du fonds de soutien.

Danielle Mathieu-Bouillon et Jack Lang au Salon du Livre
Stand de Paris sur scène Danielle Mathieu avec Jack Lang,
au second plan Serge Bouillon et Catherine Baron
( photo BHVP/Gérard Leyris)

L’A.R.T. créé une animation remarquée avec l’exposition de nombreuses maquettes et notamment la présentation du film consacré à Jacques Noël, en présence de ce dernier ainsi que d’autres amis décorateurs, André Acquart, Jean-Denis Malclès. Daniel Louradour, autour d’un colloque organisé sur le décor de théâtre.

L’A.R.T. participe à la fête organisée dans le grand studio du CFPTS construit à l’initiative de Serge Bouillon et, avec l’aide des intervenants du centre, prépare une grande exposition d’affiches des collections de l’A.R.T., à l’occasion de la remise à ce dernier des insignes de Chevalier dans l’Ordre national du Mérite. Une partie des conservateurs et des membres de l’association créent une chorale éphémère, tandis que notre collègue, le scénographe Yves Valente présente un numéro de magicien particulièrement apprécié.
C’est aussi l’occasion d’une photo réunissant les décorateurs autour du nouveau promu.

Serge Bouillon
Au premier plan, C. Legay, J.-D. Malclès, P. Soubrier, A. Acquart, S. Bouillon, D. Louradour, J. Noël et C. Jouen,
au second, Y. Valente, V. Parot, J. Dérens et J. Marillier
(photo Gérard Leyris/BHVP)

La restauration de maquettes originales de Jacques Noël est entreprise dans le cadre de la préparation de l’exposition : Madame de, Le jardin aux betteraves, Le bain de vapeur, Cet animal étrange, Le chat noir.
L’exposition primitivement fixée fin 1992 aura lieu début 1993.

Le prix du Brigadier est décerné à Jacques Mauclair avec un Brigadier d’honneur à Robert Hirsch remis au Théâtre Marigny par Jacques Chirac.

Parmi les dons importants de l’année, plus de 150 programmes, don des éditions Fischer, don très important de Francis Charles et Jean-Claude Pigaut concernant le TEP et le Théâtre National de la Colline, ainsi qu’un don concernant Marcelle Tassencourt au Théâtre Montansier et celui de Danielle Mathieu et Serge Bouillon avec plus de 100 photos de scène, des dessins originaux de Jacques Noël plus tout le matériel de Paris sur scène.

Plusieurs expositions, dans le cadre de l’opération Paris sur scène sont organisées dans différents théâtres, Théâtre de l’Œuvre, Théâtre Saint-Georges, Théâtre de la Madeleine.

1993 : Parmi les dons important de l’année il est bon de citer celui du fonds Maurice Jacquemont, celui de 350 ouvrages provenant de la bibliothèque des Cordeliers, celui de Jacques Mauclair avec notamment deux maquettes originales de Jacques Noël en volume.
Pour la théâtrothèque 11 nouveaux tournages.

Même si les recherches se poursuivent, l’essentiel est la préparation de l’exposition, du livre et du film consacrés à Jacques Noël. Il convient de rendre hommage à Serge Bouillon sans l’apport duquel tout le montage technique qui fut largement assumé par le Centre de Formation Professionnelle des Techniciens du Spectacle, l’exposition n’aurait eut un pareil lustre puisqu’elle fut entièrement scénographiée selon les rêves et les maquettes de Jacques Noël.

Exposition Jacques NoËl

Catherine Baron, appelé à d’autres fonctions, démissionne de son poste d’Agent général et est remplacée un temps par Valérie Dervieu, qui ne pouvant, pour de raisons professionnelles poursuivre, laisse la place un temps à Valérie Gilmas jusqu’en 1995.
Une grande synergie s’opère. Danielle Mathieu fait entrer Roger Jouan, décorateur qui va s’intéresser et participer à l’organisation des expositions et auquel Jean Dérens, Conservateur général demandera de réaliser désormais les présentations de plusieurs des expositions organisées à la Bibliothèque
L’A.R.T. participe en outre à six autres expositions durant cette année.

Le jury du Prix du Brigadier s’est réuni à l’invitation de Monsieur Michel Junot Président de la Maison de l’Europe et a élu Jorge Lavelli. Le prix lui a été remis sur la scène du Théâtre Marigny le 28 avril 1993 par Monsieur Jacques Chirac. Cette remise est précédée de la conférence de presse de l’opération Paris sur scène qui remporte de plus en plus de succès, sur la scène du théâtre Marigny- salle Popesco.

>Conférence de presse, "Paris sur scène", Jean-Jacques Bricaire, Françooise de Panafieu, Jacques Chirac et Danielle Mathieu
Conférence de presse de Paris sur scène
de gauche à droite, Jean-Jacques Bricaire Directeur du Théâtre Marigny, Françoise de Panafieu, Jacques Chirac
et Danielle Mathieu, commissaire général
( Photo BHVP/Gérard Leyris)

1994 : Dons très importants de décorateurs. La veuve de Bernard Daydée donne plus d’une vingtaine de maquettes en volumes, difficiles à identifier et pour la plupart avec un gros travail de restauration. Agostino Pace donne 99 maquettes planes. Don important également de Vladimir et Brigitte Brauner, photos, affiches et objets de l’époque du TNP de Jean Vilar et de la Compagnie Renaud-Barrault à Marigny.
Don important de Melly et Paul Puaux de la Maison Jean Vilar avec notamment la collection complète des cahiers Jean Vilar.

11 tournages de la théâtrothèque.

Jean-Jacques Aillagon, Directeur des Affaires Culturelles de la Ville de Paris, sollicité par Guy Drut, maire de Coulommiers, demande l’aide de Danielle Mathieu pour organiser la célébration du 90ème anniversaire du théâtre de cette ville. Elle reçoit, en même temps que Francis Huster venu inaugurer l’exposition avec elle, la médaille d’honneur de la Ville. C’est aussi l’occasion d’un reportage photographique sur le théâtre de Coulommiers et sa machinerie.

Théâtre de Coulommiers

L’A.R.T. participe également à six autres expositions dont une à la Maison Jean Vilar d’Avignon et prépare la future exposition Le Théâtre et la IVème république qui sera illustrée par un ouvrage de Geneviève Latour dont l’A.R.T. prendra en charge les droits photographiques. La reconstitution préventive de quelques décors importants de la période est mise en chantier avec Vincent Parot et Philippe André pour notamment La chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams, mise en scène et décor de Peter Brook, Sud, Sur la Terre comme au Ciel.
L’exposition de Jacques Noël a été l’occasion d’un don très important de ce dernier notamment en ce qui concernait ses maquettes en volume dont certaines ont aussi été restaurées au cours de l’année 1994

Le jury du prix du Brigadier s’est réuni à l’invitation fidèle de Michel Junot Président de la Maison de l’Europe et a élu Raymond Devos. Le prix a été remis le 26 septembre 1994 à l’Hôtel de Ville par Jacques Chirac, en présence d’une assistance nombreuse et rieuse et du Ministre de la Culture, Jacques Toubon.

1995 : C’est l’année où Georges Herbert quitte le Théâtre de l’ Œuvre et fait don de ses archives sur ce théâtre ainsi que sur celles des Galas Karsenty-Herbert. Le don est énorme, 110 cartons, de photos (plus de 15000) textes, affiches, manuscrits, relevés de mise en scène, maquettes planes, dossiers anciens sur la maison de l’Œsuvre. Parmi les dons importants venant s’ajouter aux dons réguliers des membres du conseil d’administration, citons celui de Jean V. Velter avec plus de 300 programmes, celui de Francis Charles nourri d’importants documents sur le Théâtre National de la Colline ainsi que les archives de Monique Gérard et Marie-Hélène Brian, toutes deux attachées de presse.
En raison des frais importants engagés pour présenter l’exposition Le Théâtre et la IVème République, la Théâtrothèque ne s’est enrichie que de 4 nouveaux enregistrements.

Outre les neuf expositions auxquelles l’association a participé, c’est un nouveau volet du XXème siècle qui retient une grande part de notre attention puisque l’A.R.T. finance les droits photographique de l’ouvrage volumineux signé Geneviève Latour ainsi que les droits d’exposition, tout en poursuivant la reconstitution de maquettes en volume débutée l’année précédente avec les maquettes de quatre décors : Les Justes d’Albert Camus, décor de Bernard Daydé, à Hébertot, La mouche bleue de Marcel Aymé, décor de Wakhévitch, En attendant Godot de Samuel Beckett, mise en scène de Roger Blin au Théâtre de Babylone, La Folle de Chaillot de Jean Giraudoux, décor de Christian Bérard.

Théâtre, reflet de la IVème république de Geneviève Latour

Ce livre obtient le Prix de la Critique Dramatique en 1995.

1996 : Cette année est riche encore dans l’avancée de l’informatisation des fichiers. Les photos provenant du don Brauner ont été répertoriées par Valérie Gilmas alors agent général, laquelle a été remplacée par Valérie Dervieu dont on salue le retour et qui s’est plongée sur le fichier des tournées Georges Herbert, dont nous commençons à trier la donation.

À cet égard, l’institution d’une journée hebdomadaire est mise en place où les membres actifs redeviennent réellement opératifs, notamment dans le tri des quelque 20.000 photos du fonds Georges Herbert. En référence à l’histoire de l’Œuvre, nous instituons les Mardis de l’A.R.T. Les recherches, tant universitaires que demandes pour publications d’ouvrages, ne cessent d’augmenter.
Le découpage de la presse se poursuit.

Dons : Parmi les multiples dons qui rejoignent avec constance les collections de l’A.R.T. qui en fait don à la Bibliothèque historique, on peut citer :
- Don très important de Serge Bouillon avec ses archives du CFPTS
- Don de George Richar de la maquette en volume de Zazie dans le métro
- Don de Bernard Jaunay de la maquette d’Othello au Festival d’Avignon et celle de l’Avare
- Don de Francis Charles avec documents du Théâtre de la Colline
- 50 photos originales récupérées de l’exposition des Cabarets
Dons réguliers de Roger Lauran, Danielle Mathieu-Bouillon, Simone Chobillon

Expositions : Parmi les multiples expositions on peut citer la participation de l’ART à :
- Molière Musée Lambinet de Versailles
- André Acquart Théâtre des Deux Rives à Rouen
- La lumière chez Ionesco Lycée Maximilien Fox
- Les 50 ans de la Cantatrice chauve à la Mairie du Vème
- Exposition Beckett à la Bibliothèque municipale de Strasbourg
- Exposition éphémère pour le départ de Serge Bouillon du CFPTS fin décembre puisqu’il prend sa retraite à 70 ans.

Les Cabarets-Théâtres  à la Bibliothèque historique de la ville de Paris, avec la publication d’un ouvrage référence de Geneviève Latour.

les cabarets-théâtre de Geneviève Latour

L’ A.R.T. demande pour cette exposition à Vincent Parot de reconstituer le cabaret de l’Écluse grâce à des documents historiques.

Conférence d’André Levasseur au Musée Galliéra : Dans le cadre de cette conférence, le décorateur a conté, avec la participation de Jacqueline Cartier et les projections de Danielle Mathieu-Bouillon, son parcours professionnel, depuis son entrée comme modéliste chez Christian Dior, jusqu’à sa carrière internationale en matière de spectacle. Ce fut l’occasion pour Marie-Odile Gigou d’avoir accès à ses archives et de faire quelque 300 diapositives et à Danielle Mathieu-Bouillon d’établir la reproduction de plus de 150 documents en récupérant des originaux auprès de son ami auquel elle aimerait consacrer une exposition. Valérie Dervieu quant à elle, grâce à des documents confiés par André Levasseur, a pu établir son récapitulatif de carrière.

Les conservatrices ayant suivi une formation informatique, le travail a pu progresser dans une technologie plus adaptée à notre époque.

Théâtrothèque : Fabienne a pu engranger dix nouveaux titres :
- Le Baiser de la Femme araignée d’Oscar Sisto
- Les Chiens de conserve au Théâtre 13
- L’Argent du Beurre de Louis-Charles Sirjacq au Poche-Montparnasse
- Colombe de Jean Anouilh à la Comédie des Champs Elysées
- L’Affrontement de Bill Davis au Fontaine
- Le Premier d’Horowitz au La Bruyère
- L’Exposition Cabarets Théâtres
- La Demoiselle de la Poste d’Ewa Pokas au Studio de la Comédie-Française
- Le Mal de Mère de Pierre-Olivier Scotto au Théâtre de la Madeleine
- Soirée Hommage à Serge Bouillon qui quitte ses fonctions au CFPTS et prend une retraite bien méritée à 70 ans.

À Pâques, la Présidente, Danielle Mathieu-Bouillon, a été promue, selon la volonté personnelle du Président de la République, Chevalier de la Légion d’Honneur.

1997 : Le travail commun des membres de l’A.R.T. bénéficiant notamment du travail scientifique d’Annick Caubert, a porté ses fruits relativement au classement et à l’identification des photos en provenance du fonds Georges Herbert. 840 dossiers portraits ont été ouverts ainsi que 730 dossiers photos de scène. Leur intégration en est à la lettre M

Les affiches : Leur arrivée est constante puisque quelque 250 nouvelles ont été répertoriées cette année.
Une politique nouvelle d’entoilage des affiches anciennes de cirque et de variétés (entre 1880 et 1910) est entreprise.

L’augmentation des fichiers historiques des théâtres de Paris commencés après le livre de Geneviève Latour de 1991, se poursuit avec l’aide du mémo des Molières, en privilégiant les théâtres privés de Paris, lesquels, à l’initiative de leur Président Jérôme Hullot et du Délégué général Luc de Sédano, décident d’octroyer une subvention annuelle à l’ART, conscients de son travail sur la mémoire de ses lieux qui ne disposent pas des fonds du secteur public pour la collationner et la célébrer.

Parmi les dons citons :
- Plusieurs cartons non inventoriés de Serge Bouillon après son départ du CFPTS
- Don Simone Chobillon, petits formats, photos anciennes affiches
- Don Georges Richar, la partie théâtrale de ses documents
- Programmes affiches coupures de presse récentes et anciennes de Roger Lauran
- Laurence Pascalis, programmes et livres divers sur le théâtre
- 27 programmes de la saison 96/97 des publications Willy Fischer
- Don de Bernard Richebé de deux grandes photos couleurs la famille du théâtre et la famille du cinéma

Théatrothèque : Fabienne Barbey a procédé avec l’Envol à 5 enregistrements. L’arrivée trop tardive de la subvention ne nous a pas permis d’en faire plus.

Émissions télévisées : Notre collègue et ami, le réalisateur André Delacroix, a pu convaincre José Artur de nous consacrer un sujet entier notamment lors de l’exposition organisée amicalement par l’A.R.T. au Théâtre Antoine pour ses cent ans.
Par ailleurs, citons l’émission en hommage à Silvia Monfort à laquelle Danielle Mathieu-Bouillon qui avait été son assistante, a participé.

Les Expositions :
Aquarelles photographiques de Bernard Richebé :
Bibliothèque historique Avril-Mai 1997
Théâtre du Rond-Point Novembre et Décembre 1997

Bernard Richebé

La gageure était de présenter 50 portraits d’acteurs célèbres, actuellement à l’affiche, quelques minutes avant leur entrée en scène à l’instant où le comédien devient le personnage – voir donateurs/Bernard Richebé
Citons parmi les artistes photographiés : Pierre Arditi, Anne Brochet, Nicole Calfan, Patrick Chesnay, Jean-Laurent Cochet, Jean-Pierre Darroussin, Jacques Dufilho, Anny Dupérey, Bernard Giraudeau, Claude Giraud, Robert Hirsch, Francis Huster, Catherine Jacob, Danièle Lebrun, Jean Marais, Marcel Maréchal, Jean Pierre Marielle, Jean Piat, Didier Sandre, Jérôme Savary, Laurent Terzieff…

Exposition Centenaire du Théâtre Antoine organisée par Danielle Mathieu-Bouillon avec la mise en place de panneaux perennes.

Exposition Autour de Guy de Maupassant au Théâtre Antoine à l’occasion de la reprise de Bel-Ami avec Pierre Cassignard

Cyrano de bergerac

Exposition : Cyrano a cent ans. À la demande de Francis Huster, le Maire de Paris a souhaité que Danielle Mathieu-Bouillon organise une grande exposition qui irait à la mairie du VIème arrondissement puis au Théâtre National de Chaillot à l’occasion de la reprise du rôle par Francis Huster. Elle a orienté l’exposition sur toutes les reprises, depuis l’origine de la pièce, ainsi que sur Edmond Rostand et ses autres pièces, sans oublier une évocation du véritable Cyrano, avec la collaboration de la BHVP et du CFPTS et de la Comédie-Française…

les trois cyrano de bergerac
Les trois Cyrano de 1997: Patrick Préjean, Francis Huster et Pierre Santini au vernissage de l’exposition
(photo DR)

Fortement médiatisée, cette exposition laisse de bons souvenirs mais se solde, hélas, par le vol d’une affiche ancienne à Chaillot.

Maquettes en volume : Vincent Parot a reconstitué, sous le contrôle amical de Jean Denis Malclès, la maquette de L’Alouette de Jean Anouilh.

l'alouette de jean anouilh, décor de jean-denis malclès
L’Alouette de Jean Anouilh, décor de Jean-Denis Malclès
maquette reconstituée peinte par Jean-Denis Malclès
Collection A.R.T.

Vie de l’ART : L’entrée d’Annick Caubert au Conseil d’Administration a permis son élection au bureau entant que secrétaire générale adjointe et remis au goût du jour le procès verbal si essentiel.

Nous déplorons la décision de notre Trésorier et ami Daniel Delbrouque, qui souhaite, pour des raisons personnelles, s’éloigner un peu de ce métier.
La perte de Marie-Claire Laurent a beaucoup attristé l’Association qui avait eu en elle une amie précieuse et dévouée.
Les mardis sont devenus des jeudis, en hommage à Loleh Bellon.