Réalisateur

Le cœur du métier

Visualiser et mettre en forme un langage fait d’images et de sons 

Qu’il soit simple exécutant ou qu’il assume la totalité du processus de création, le réalisateur est de fait le concepteur de la forme filmique qui concrétise en images et en sons les idées et les mots, même s’il n’en a pas défini le thème, ni imaginé le contenu, ni rédigé le dialogue. Une action présentée à l’écran n’est plus de même nature que cette même action décrite sur le papier. Le problème du réalisateur est de découper une action, fragment par fragment, dans l’espace et le temps (excepté pour les enregistrements en direct) avant d’en effectuer la synthèse pour la reconstituer en la ré-assemblant (montage). Les décisions qu’il doit prendre portent sur tous les aspects de cette mise en images et en sons. La forme filmique ou audiovisuelle doit être pré-visualisée par le réalisateur qui construit un langage visuel et auditif propre, caractérisant un style spécifique.

Ce travail d’adaptation vers un langage fait d’images et de sons, passage de la conception à la réalisation à l’écran suppose une transformation constante à chaque étape du processus. Comme le dira Orson Welles, « les accidents, c’est sublime pour le cinéma ». En effet, chaque étape est l’occasion d’une remise en question et d’une réinvention du projet global tout en maintenant le fil conducteur. Le réalisateur doit en permanence réinventer à partir du réel, des obstacles, utiliser les contraintes (moyens techniques, moyens financiers et durée du tournage), s’emparer de l’imprévu, pour repenser le projet. Le réalisateur prend en compte les suggestions de ses collaborateurs qui peuvent enrichir son projet en les sélectionnant par rapport à ses intentions premières. Il doit savoir réadapter ses choix techniques et stylistiques aux contraintes matérielles tout en conservant les limites acceptables, lui permettant de maintenir la cohérence de son projet.

Coordonner et diriger son équipe

Le réalisateur est un leader et un coordinateur. Il se situe à l’intersection des différentes équipes artistiques et techniques dont il doit savoir susciter l’inspiration et harmoniser les efforts. Il doit être capable de faire ressentir à son équipe les implications visuelles et auditives du projet filmique sans avoir recours à une explication didactique, en activant le processus imageant de chacun, à partir de quelques évocations. D’autre part, il lui faut maintenir la cohérence de l’entreprise dont il détient tous les fils et tous les enjeux. Pour cela, il lui faut connaître les différents métiers techniques et maîtriser la chaîne de fabrication afin de pouvoir à la fois garder le cap et le contrôle. Comme le confirme Laurence Ferreira Barbosa : « Un film, c’est un travail d’équipe (…) mais il ne faut pas laisser les gens trop libres ni jamais relâcher son attention ». Le réalisateur doit donc trouver la bonne distance pour à la fois guider ses collaborateurs et capter leurs talents. A l’écoute de ses collaborateurs, « généraliste face à des spécialistes », il détient le pouvoir de décision, car il est responsable de la cohérence d’ensemble et du résultat final. En fonction des moyens dont il dispose, et des choix artistiques, la taille de l’équipe peut varier considérablement. Ainsi, dans certains cas, notamment le documentaire, il peut même arriver que le réalisateur assume pratiquement seul l’ensemble des fonctions.

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